Je n’aime pas le 1^er août. J’aime les pétards, les feux d’artifices, les feux tout court, les sau­cisses, les lam­pions; mais je n’aime pas les dis­cours offi­ciels. Ceux et celles qui les pro­noncent me donnent tou­jours l’impression de s’adresser d’abord à eux-mêmes. De ne sur­tout pas s’adresser à moi. Sans doute sont-ils trop angois­sés pour oser abor­der les vraies ques­tions. Comme par exemple celle de la sexua­li­té. Pour­tant, je suis cer­tain que ces gens-là ont eux-aus­si des verges, des vagins, des anus, des bouches, des doigts, des tur­ges­cences, des sécré­tions, des moi­teurs, des odeurs. Mais ça doit leur faire trop peur. Alors que le sexe, c’est aus­si politique.

Par exemple en Angleterre et en Croatie

David Came­ron, le pre­mier ministre bri­tan­nique, veut inter­dire la por­no­gra­phie sur le net anglais. Parce qu’elle «cor­rompt l’enfance». Par contre, il ne veut s’attaquer ni à l’industrie agro-ali­men­taire qui fout en l’air la san­té des gosses, ni aux jeux et aux émis­sions qui les décé­rèbrent, sur­tout pas à un sys­tème qui sou­met leur exis­tence à la loi des financiers.
En Croa­tie, la Cour consti­tu­tion­nelle vient d’interdire l’enseignement de l’éducation sexuelle à l’école. Une vic­toire poli­tique pour l’Eglise catho­lique croate et les forces les plus conser­va­trices du pays. Il est vrai que les curés sont tota­le­ment asexués, comme le savent les mil­liers d’enfants vic­times des pédo­philes en soutane.

Un peu ennuyeux

Voi­là pour­quoi il faut par­ler de sexe. Pour­quoi il faut s’y inté­res­ser. S’y adon­ner. Pour évi­ter que des per­vers nous imposent leur loi, parce que l’obscurantisme est en train de faire son grand retour.
Vous l’aurez com­pris, c’était — avec un peu de retard — ma contri­bu­tion à la Fête natio­nale, mon dis­cours du 1^er août. Un peu chiant, non? Je crains d’avoir fait comme les autres: je me suis écou­té parler.

L’an pro­chain, pro­mis, je ferai un dis­cours du pre­mier rut. Ce sera beau­coup mieux.

PS: pour me faire par­don­ner cette crise d’esprit de sérieux, voi­là une vidéo qui m’a beau­coup fait rire (sur­tout la banane dans le pot de crème au chocolat).