Tous les ans depuis 1993, la Lite­ra­ry Review de Londres décerne le Bad Sex in Fic­tion Award. Par­mi tous les prix lit­té­raires, ce n’est pas le plus inin­té­res­sant, ni sur­tout le moins amusant.

Traduit du français

Cette année, il y avait même un auteur fran­çais en lice, Eric Rein­hardt, pour Le Sys­tème Vic­to­ria, un livre écrit en 2011 mais tra­duit en anglais en 2013. L’extrait nomi­né était le sui­vant: «Le zip de sa jupe gré­silla entre ses ongles comme un bateau à moteur sur une mer sans vague (…) Mon érec­tion bat­tait la mesure dans mes sous-vêtements.»

The winner is…

Mais le vain­queur est Manil Suri, pour une scène de The City of Devil qua­li­fiée de «solaire» et «ato­mique» par les jurés: «Des super­no­vas ont sûre­ment explo­sé à cette ins­tant, quelque part, dans une galaxie. La cabane a dis­pa­ru, et avec elle la mer et le sable – seul le corps de Karun, enla­cé au mien, reste. Nous avons cou­ru nus, comme des super-héros, par­mi le soleil et le sys­tème solaire, nous avons plon­gé à tra­vers les bancs de quarks et de noyaux ato­miques. Pour fêter notre décou­verte de la qua­trième étoile, les sta­tis­ti­ciens du monde entier ce sont réjouis.»

Le site Rue 89 donne quelques extraits des huit romans fina­listes. J’ai par­ti­cu­liè­re­ment appré­cié ceux-ci:

Auto­mo­bi­lis­tique «Il plon­gea deux doigts dans sa vulve et com­men­ça à son­der son canal vagi­nal, comme s’il cher­chait ses clés de voi­ture perdues.»

Gas­tro­no­mique «Elle désire au plus pro­fond d’elle-même sucer chaque goutte, toutes les gouttes, de ce jus chaud qu’il a tiré de son estomac.»

Cata­clys­mique «Je la che­vau­chais fort, labou­rant pro­fon­dé­ment et savou­rant la sen­sa­tion de mon corps dans le sien. La cha­leur était incroyable, ma chair contre la sienne l’étourdissait, et en se démem­brant, m’arracha une voix que je ne me connais­sais pas. Les ravages de mon plai­sir défer­laient encore et encore, comme un trem­ble­ment du fond des mers.»

Il s’agit donc d’écrivain recon­nus, pas d’amateurs. J’espère pour leurs par­te­naires sexuels qu’ils ne parlent pas en chosant…