C’est Michel Froidevaux qui a trouvé le titre et Léa Lund qui est à l’origine du projet. «Tu ne voudrais pas m’écrire des histoires cochonnes, que je puisse les illustrer», m’a‑t-elle demandé il y a quelques années, lors d’une fête chez des copains.
J’ai écrit de brèves histoires, Léa a fait quelques croquis. On se voyait de temps en temps, on buvait une bière ou deux, quelques verres de vin rouge et on s’encourageait à continuer. Les brèves histoires sont devenues des nouvelles et Léa a fini par renoncer. Mais nous avions trouvé un éditeur, Michel Froidevaux, des Editions HumuS. «J’ai une proposition, m’a dit Léa. Erik a commencé la gravure, il pourrait illustrer le livre…» Erik, son compagnon, son modèle photographique.
Huit nouvelles et des gravures
Voilà comment est né ce livre. «Les personnages de ces huit nouvelles se confrontent à une sexualité qui les désempare, mais qui agit comme révélateur. Dans Culs par-dessus têtes, les désirs bousculent les partis pris et le plaisir culbute l’insignifiance…», est-il écrit au dos du livre.
Les nouvelles s’intitulent: Le mauvais choix, Tout est bien qui finit, Les voiles du temple, Absence, L’avenir? Qui s’en préoccupe?, Bonheur conjugal, Le principe de réalité, Cul par-dessus tête.
Un extrait
Le début de la première nouvelle:
Le réveil sonne, elle n’a pas envie d’ouvrir les yeux, remonte son duvet sur sa tête. Comme toujours, elle est surprise par l’odeur, celle de son corps, de son sexe. Elle y met un doigt, qu’elle porte ensuite à la bouche, goûte l’arôme du jour. Le taux d’acidité lui indique l’état des lieux : parfois, c’est un peu écœurant, peut-être le début d’une petite infection urinaire. Son corps, lui, sent la mauvaise transpiration de la nuit, mais l’odeur de ses aisselles est un peu poivrée, elle trouve ça agréable. Dans la salle de bain, Serge se rase. Martine pleure, comme tous les matins.
L’appartement est petit. On entre directement dans la cuisine. A droite se trouvent l’évier, la cuisinière et les armoires; à gauche, la petite table, deux chaises, un tabouret et le frigo. Le tabouret est sous la table, sinon, on n’arrive pas à passer.
Dans la vie de Martine, par contre, il y a de la place. Dans sa vie et dans son con. Pas parce qu’elle est particulièrement large à cet endroit, mais parce que personne n’y vient. Même ses propres doigts restent à la périphérie. Parfois, elle pince ses petites lèvres entre le pouce et l’index, comme on bouclerait une bouche.
Le jour de ses 15 ans, Serge lui a montré son sexe bandé. Ils étaient dans sa chambre, écoutaient les Sex Pistols. Il était punk, avait 17 ans, on était en 1977. Elle avait approché la main pour le toucher, il s’était reculé et avait claqué la porte en sortant.
Dans la rue ça klaxonne, le voisin du dessus écoute France Inter, celui du dessous Radio Nostalgie. Tout le monde se fiche de savoir si Martine va jouir ou pas. Elle frotte son clitoris d’une main, agace le bout de son sein gauche de l’autre. Les larmes coulent sur ses joues, elle renifle un peu, serre très fort les paupières.
Elle a épousé François en 1981, elle était enceinte. Il aimait qu’elle le suce ; « applique-toi », disait-il, poussant sa pine dans sa gorge. Au début, il voulait qu’elle lui lèche les couilles, mais il a renoncé, elle n’était pas assez délicate, ça lui faisait mal. Une fausse couche et cinq ans de vie commune plus tard, Martine avait de la peine à jouir.
Vernissage et dédicaces
Le 15 septembre prochain, à 17h, l’exposition de gravures illustrant le livre sera vernie à la galerie HumuS, dès 17h. Quelques dessins de Léa Lund seront également exposés. Les artistes seront présents, moi aussi, et nous essayerons de nous tenir convenablement. Venez donc!
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