Pen­dant les vacances, Lubric-à-brac vous pré­sente une série de l’été: Les vacances cul-cul de la famille Schin­ken Pochon.
Jacques-André Schin­ken est pro­fes­seur d’histoire-géographie, il vote socia­liste, il a 56 ans. Nadège Pochon est psy­cho­logue, elle vote Vert Libé­ral, elle a 55 ans. Ils ont deux enfants, Simon-Pierre, 21 ans, étu­diant en droit, et Prune, 19 ans, artiste.

Insolation islamique pour Nadège

Déci­dé­ment, je me sou­vien­drai du 1^er août. Cette année, il tombe un lun­di, et avec Jacques-André nous avons déci­dé que tous les pre­miers lun­dis des mois pairs nous aurions une rela­tion sexuelle. Ceci pour lut­ter contre la baisse du désir dans notre couple.

«Ce sera chaque fois une fête! Nous en ferons quelque chose d’exceptionnel», a dit Jacques-André. En juin, il a vou­lu que nous le fas­sions dans la voi­ture. Nous sommes donc des­cen­dus au garage. Par un mal­heu­reux concours de cir­cons­tances, Jacques-André s’est retrou­vé avec le levier de vitesse entre les fesses et ça lui a cou­pé tous ses moyens. Nous n’a­vons pas pu conclure.

Et là, il va fal­loir que nous repor­tions à octobre, parce que je dois faire le dis­cours du 1^er août de notre éco­quar­tier. Je vais en pro­fi­ter pour défendre les valeurs qui me tiennent à cœur: la démo­cra­tie, l’écologie, l’égalité homme-femme, la liber­té de com­merce et la culture occi­den­tale. Vous ima­gi­nez bien qu’ensuite, je ne serai pas dis­po­nible pour une rela­tion sexuelle. Est-ce qu’Hillary Clin­ton a le temps de pen­ser au sexe?

En plus, il m’est arri­vé une cui­sante mésa­ven­ture. Same­di, nous devions régler les détails pra­tiques de la célé­bra­tion (lon­gueur du dis­cours, début des feux d’artifices, etc.). Ce sont les Per­rin­ja­quet Flansch qui dirigent le comi­té d’organisation. Lui a fait ses études avec Jacques-André et elle, je ne l’aime pas. Elle veut tou­jours don­ner des leçons de tolérance.

Ça n’a pas man­qué, pour le 1^er août, elle a invi­té une famille musul­mane. Elle leur a même pro­po­sé de cui­si­ner des spé­cia­li­tés pour le buf­fet. Je ne suis pas contre l’ouverture culi­naire (l’an pas­sé, en vacances au Maroc, nous avons man­gé notre tajine comme tout le monde), mais fran­che­ment, le 1^er août est une fête suisse. Pour le buf­fet, on ima­gine plu­tôt des sau­cisses de porc et du vin blanc que du cous­cous et du thé à la menthe. Non?

Nous étions donc en train de dis­cu­ter de ça sur la ter­rasse des Per­rin­ja­quet Flansch quand le père de famille musul­man m’a dit: «Vous devriez vous cou­vrir la tête, madame…» Cette bécasse de Flo­rence Flansch à évi­de­ment acquies­cé, me mon­trant qu’elle-même avait un fou­lard sur ses che­veux. «Que ferait Eli­sa­beth Badin­ter à ta place?», me suis-je deman­dé. «Elle refu­se­rait», me suis-je répon­du. Résul­tat, à la fin de l’après-midi, j’avais une insolation.

Me voi­là donc avec un ter­rible mal de tête et Jacques-André qui gratte à la porte en disant: «Ché­rie, nous pour­rions faire ça avant ton dis­cours. J’ai revê­tu la djel­la­ba ache­tée au Maroc et je res­semble à Law­rence d’Arabie. Ça ne t’excite pas?». J’ai envie de pleurer.

La semaine pro­chaine: Prune découvre les voies péné­trables de la création
Epi­sode 1: Les sou­ve­nirs paléo­li­thiques de Jacques-André