C’est Michel Pennec, de la librairie Humus, qui m’a signalé, en clin d’œil, ce livre paru aux Editions de la Brigandine en 1980. Lubriques à braque est un polar porno de belle facture, écrit par Benjamin Rupert. On pourrait passer des heures à chercher – et parfois trouver – qui se cache derrière les pseudonymes des auteurs de la Brigandine. Ici, il y a des ressemblances de style et de ton avec les écrits de Jean-Patrick Manchette, notamment dans la description de la fusillade finale et dans ce passage où un des personnages évoque le braquage durant lequel il a dessoudé des transporteurs de fonds: «C’est pas que j’en ai à foutre de ces chiens de garde de la Propriété, probablement briseurs de grève et agents provocateurs de l’Intérieur à leurs heures…» Et la bande dont on suit les noires aventures n’est pas sans faire penser à celle de Nadadans la typologie de certains des personnages qui la composent.
Lutte des classes
Mais peu importe. Lubrique à braque se lit avec délectation, tant du côté polar que du côté porno. Un braquage qui foire, des flics dépassés («L’inspecteur Piedblanc fredonnait Je l’aime à mourir, avec Francis Cabrel. Ça faisait deux plombes qu’il surveillait le 13 de la rue Hamelin et plus d’une heure qu’il ingurgitait passivement toutes les fadaises du poste périphérique de son transistor. […] Quand le cocktail molotov explosa contre une bagnole au coin de la rue, il sursauta violemment.»), des anciens paras tortionnaires, du foutre et du sang, et une end pas du tout happy, où triomphe la bourgeoisie capitaliste.
C’est bien écrit, cultivé, et pour une fois, l’expression «tirer les marrons du feu» est utilisée à bon escient («Il aura sans doute pensé que c’était plus cool d’attendre qu’on lui ait sorti les marrons du feu, le fumier…»)
J’ai beaucoup aimé le passage SM où une bonne fouette les seins de sa patronne avant de lui enfiler une bouteille de coca dans le vagin (mon côté prolétarien).
Bandant
Et les scènes de sexe? Bandantes, variées et bien cochonnes. En voilà une que je vous donne pour son originalité: «Max se ressaisissait et le mouvement de Marylouve chassa ses dernières hésitations. Il se jeta à genoux et plaqua son visage contre la touffe brune. Sa langue se fraya un chemin entre les lèvres et mêla sa salive aux liqueurs de la fille. «Elle sent le rail de chemin de fer quand le train vient de passer», fantasma-t-il.»
On ne trouve plus les livres de la Brigandine que d’occasion. Sauf erreur, il reste encore un exemplaire de Lubrique à braque chez Humus; avis aux amateurs…
Salon du livre
Puisqu’on parle d’Humus, je vous signale que je serai régulièrement sur leur stand durant le Salon du livre et que j’y tiendrai une rubrique quotidienne: «Sous les jupes du Salon». J’y écrirai également des définitions de Mots érogènes suggérés par les passants qui passent; vous, par exemple.
(Auteurs et dédicaces sur le stand Humus au Salon).
Venez‑y, on échangera quelques cochonneries, en toute lubricité.
Une lettre d’information obscène et jubilatoire :
- Recevez les dernières nouvelles chaudes dans votre boîte mail!
- Jouissez d’offres incroyables!
- Commandez le coffret collector édition limitée de nos quatre premiers pulps!