L’année commence bien, très bien même, avec comme première lecture celle des deux volumes d’Orgasmo et leur près de 1000 «images incroyables du cinéma érotique». Les auteurs de cette somme sont Christophe Bier (textes) et Jimmy Pantera (direction artistique et design), des Editions Sérious Publishing. Un duo du tonnerre qui nous donne à contempler ce qui s’est fait de mieux dans le genre, essentiellement des affiches et affichettes, mais également quelques pavés publicitaires et photos de films.
Triées, traitées, imprimée avec soin, ces images sont extraordinaires, exaltant directement ou indirectement le péché de chair. C’est tout l’art de la tentation qui s’épanouit ici, dans sa troublante et capiteuse saveur; on veut y succomber, immédiatement, enivrés, hypnotisés.
Comme Christophe Bier est, entre autre, un archiviste érudit et un encyclopédiste des vices les plus étourdissants, dans Orgasmo chaque illustration est documentée, et l’on se régale de cette mise en perspective − par le biais de celle du cinéma érotique − de l’histoire de l’évolution des mœurs. Des mœurs qui, l’on s’en rend compte, n’ont changé qu’en apparence dans une organisation sociale toujours et encore fortement marquée par le judéo-christianisme et les intérêts bancaires. Toutes les images d’Orgasmo sont d’une manière ou d’une autre troublantes, elles suscitent des émotions. Un trouble et des émotions qui sont aujourd’hui traqués et souvent éradiqués, notamment du cinéma et des représentations publiques de la sexualité. Voilà pourquoi Orgasmo se déguste, page après page, comme une boisson terriblement agaçante pour les sens.
Mondo
Les deux volumes sont divisés en chapitres, lesquels sont autant de spécialités du cinéma érotique. Le premier concerne le Mondo, «un genre faussement documentaire, traquant le sensationnel aux quatre coins du monde» (les textes entre guillemets sont tirés d’Orgasmo, ndlr). Il y a ensuite Bad Girls, «ces intrépides héroïnes (qui) titillent l’ambivalence du spectateur masculin, qui réclame aussi sa dose de coups». Parmi les Bad Girls, il y a les Amazones du désir, «des femmes souvent lesbiennes, dominant les hommes», et les héroïnes des Girls-with-gun movie: «à leurs attributs virils, talon aiguille et manche de fouet, s’ajoute enfin le flingue, phallus d’acier qui pointe et perfore.»
Film Noir
Le chapitre Film noir aborde des films où les femmes sont la plupart du temps violentées et exploitées sexuellement: «C’est le voyeurisme du public masculin qui est flatté, avec l’argument délectable de la traite des blanches. (…) Eternelles tendrons en détresse trop facilement détournées, tombant sous les coups d’impitoyables marchands de filles, devenant poupée du vice ou esclave pour Rio.» Puis, «le polar de série B français quitte les sentiers larmoyant du mélo et la désinvolture façon Lemmy Caution. Dans les années 60, il infiltre le marché de la sexploitation US qui a largué les nudies pour les roughies, bandes trash mêlant sexe et violence. Personnages tendus et tragiques, englués dans la nuit, Paris enneigé, éclairages expressionnistes sur les visages…» C’est là que se trouve la description de La main Noire (1968), un «film d’espionnage déstructuré» de Max Pécas, avec un «albinos albanais», un «nain violeur» et «Janine Reynaud en chaleur». «Là où rien n’est à sa place, c’est le désordre, dit l’espion. – Là où à la place voulue il n’y a rien, c’est l’ordre, répond le nain.»
Nudistes
Genre plus calme, For nudist only se contente, sous prétexte de faire découvrir le naturisme, d’exposer seins joyeux et fesses souriantes au soleil. Sexy horror, par contre, met en scène la belle et la bête, «oppose la courbe harmonieuse d’une jeune fille (…) au déséquilibre repoussant d’un corps frappé de malédiction. La frustration éclate dans d’immuables intrigues au sadisme avoué.»
Voilà pour le premier volume d’Orgasmo. Je ne vous parlerai du second que demain, afin que vous languissiez un peu.
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