Orgasmo (2)

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Suite et fin du billet sur la sor­tie d’Orgas­mo (le début ici), de Chris­tophe Bier et Jim­my Pan­te­ra, aux Edi­tions Serious Publi­shing.

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Le volume 2 d’Orgas­mo s’ouvre sur un très bel avant-pro­pos des­si­né de Pierre La Police, puis se pour­suit avec le cha­pitre concer­nant les Jungle God­dess, ces Tar­zans au fémi­nin «que se dis­putent des aven­tu­riers au visage buri­né» (les textes entre guille­mets sont tirés d’Or­gas­mo, ndlr). Il y a notam­ment, en 1956, Liane la sau­va­geonne, «gui­mauve en Est­man­co­lor tour­née dans une Afrique recons­ti­tuée à Naples avec des Ethio­piens four­nis par le consu­lat du coin». L’actrice prin­ci­pale s’appelle Marion Michael, et sa nudi­té «per­ver­ti le spec­tacle fami­lial. Un vrai régal pour les érotomanes.»

Marion Michael, parfaite Jungle Goddes de la fin des années 50.
Marion Michael, par­faite Jungle Goddes de la fin des années 50.

Education sexuelle

Les Hygiene pic­tures (inven­tés dès la fin de la pre­mière guerre mon­diale par les Alle­mands, qui les appellent Sexua­laufklä­rung­sfilme) sont des «films d’informations sexuelles». Avor­te­ments, accou­che­ment sans dou­leur, césa­rienne, syphi­lis: ils pré­sentent tout à la fois L’éveil de l’amour et Les dan­gers du désir, se veulent édu­ca­tifs et pré­ven­tifs. Dans les années soixante, ils abordent quelques «ano­ma­lies sexuelles», comme le sado­ma­so­chisme ou… l’homosexualité. «Ces pen­sums sont bien­tôt rem­pla­cés par des enquêtes bidon­nées avec fausses inter­views, faux méde­cins, mais vraies délurées.»

1968. La censure demanda que soit coupées "les premières images de la scène de l'accouchement présentant le rectum de la femme..."
1968. La cen­sure deman­da que soit cou­pées “les pre­mières images de la scène de l’ac­cou­che­ment pré­sen­tant le rec­tum de la femme…”
1971. Ne travaillez jamais!
1971. Ne tra­vaillez jamais!

Trans

Les films Trans­genre, peu nom­breux, abordent le sujet des hommes qui se font opé­rer pour deve­nir des femmes. Comme Aji­ta Wil­son, «la star trans­sexuelle du ciné­ma d’exploitation euro­péen», qui tour­ne­ra notam­ment dans Sado­ma­nia (1980) de l’Espagnol Jess Fran­co «en zarof­fienne et les­bienne tor­tion­naire, humi­liant des pri­son­nières enchaî­nées dans des cages…»

1978. Un dessin explicite.
1978. Un des­sin explicite.
1980. Ajita Wilson, star transsexuelle en lesbienne tortionnaire.
1980. Aji­ta Wil­son, star trans­sexuelle en les­bienne tortionnaire.

Fouets

Tor­tu­red, c’est des «corps bon­da­gés, empri­son­nés, fla­gel­lés, humi­liés, sou­mis, démem­brés». Le genre est aus­si inté­res­sant par le fait qu’il exploite cer­taines ver­tus de la reli­gion: «Le sadisme du spec­ta­teur se dis­si­mule der­rière le com­plai­sant ali­bi des pages san­glantes de l’Histoire. Le film biblique consomme du chré­tien mar­tyr. L’inquisition sur­tout est une source abon­dante de cris et de sup­plices.» Dans un des sous cha­pitre de Tor­tu­red, où l’on parle des «vic­times exquises aux indé­niables qua­li­tés plas­tiques mais pas tou­jours grandes tra­gé­diennes», on apprend avec une petite joie sadique que «décou­ra­gé par son inca­pa­ci­té à expri­mer la souf­france, le malin cinéaste, Mas­si­mo Pupil­lo, fait sur­sau­ter Rita Klein avec une petite décharge élec­trique.» Il y a aus­si les WIP (Women in Pri­son) et leurs «fouilles au corps, douches col­lec­tives, exa­mens médi­caux, pro­mis­cui­té et étreintes les­biennes», ain­si que des films commeElsa Frau­lein SS ou Natha­lie res­ca­pée de l’enfer nazi, qui «sou­lèvent la conscience de plus d’un cri­tique» mais n’ont pas de pré­ten­tions his­to­riques, sont «dans une sur­en­chère grand-gui­gno­lesque qui rap­pelle les extra­va­gantes cou­ver­tures des Men’s Adven­ture Magazines.»

1967. "Angélique et le Sultan", de Bernard Borderie, avec Michèle Mercier.
1967. “Angé­lique et le Sul­tan”, de Ber­nard Bor­de­rie, avec Michèle Mercier.
1972. "La mère supérieure, flagellant la nonne, s'effondre, au bord de l'orgasme."
1972. “La mère supé­rieure, fla­gel­lant la nonne, s’ef­fondre, au bord de l’orgasme.”

Gros seins 

Big Bus­ty Babes est un genre trai­tant en majes­té les grosses poi­trines. «Révé­la­tion du wes­tern Le Ban­ni (1943), pro­duit par le mil­liar­daire Howard Hughes, qui avait la pas­sion des gros seins, les 90D de Jane Rus­sell (aide pour ceux qui n’y connaissent rien en taille de sou­tien-gorge, ndlr) agressent les cen­seurs. Un juge déclare que “sa poi­trine y rem­plis­sait l’écran comme une tem­pête rem­plit un pay­sage”.» On pense immé­dia­te­ment à Russ Meyer, mais «il fau­drait jeter les deux yeux dans le ciné­ma turc, riche en stars capi­teuses et en débor­de­ments char­nels.» Par­mi ces héroïnes mam­maires, il y a celles du nudie-cutie, «comé­die far­fe­lue accu­mu­lant un maxi­mum de filles nues (…) Ne pou­vant mon­trer les poils pubiens, les cinéastes com­pensent en fil­mant des poi­trines sur­di­men­sion­nées comme celle de la strip-tea­seuse Vir­gi­nia Belle (130 cm de cir­con­fé­rence !), sur­nom­mée Ding Dong.» Il y a aus­si Dyanne Thorne, qui a droit à tout un sous cha­pitre dans Orgas­mo: «sa lourde poi­trine, dif­fi­ci­le­ment com­pri­mée par l’uniforme, le décol­le­té de sa blouse blanche rap­pellent les formes car­too­nesques de Bill Ward

1972. "Le cri de la chair", de José Bénazéraf, avec Sylvia Sorrente, sa magnifique poitrine et Michel Lemoine.
1972. “Le cri de la chair”, de José Béna­zé­raf, avec Syl­via Sor­rente, sa magni­fique poi­trine et Michel Lemoine.
1976. La camarade Dyanne Thorne.
1976. La cama­rade Dyanne Thorne.
1965. Very bad girl de "Faster Pussycat! Kill! Kill!" (Russ Meyer), Tura Santana résumait son parcours par cette formule limpide: "On peut rester féminine et avoir une paire de couille."
1965. Very bad girl de “Fas­ter Pus­sy­cat! Kill! Kill!” (Russ Meyer), Tura San­ta­na résu­mait son par­cours par cette for­mule lim­pide: “On peut res­ter fémi­nine et avoir une paire de couille.”

Et voi­là que déjà se ter­mine le deuxième volume d’Orgas­mo. On en vou­drait plus, mais, devant affron­ter ce manque sou­dain, on se rend compte que chaque image pour­ra encore être dégus­tée — et encore, qu’il s’y cache une mul­ti­tude de détails à décou­vrir (des regards, des ais­selles, des posi­tions de corps, etc.). Sans par­ler du gra­phisme des affiches et de leurs textes, dont l’efficacité est pas­sion­nante à étudier.

«Orgas­mo est le titre ori­gi­nal d’un gial­lo réa­li­sé en 1968 par Umber­to Len­zi», explique Chris­tophe Bier dans sa pré­face. Sur­tout, c’est un titre qui tient sa promesse.

Les deux volumes sont en deux langues (le mini­mum pour du sexe convi­viale) et les Suisses romands peuvent les trou­ver à la librai­rie Humus de Lau­sanne, ou les com­man­der sur le site de Serious Publi­shing pour ceux qui ne des­cendent jamais de leur montagne.

En 2011, Chris­tophe Bier avait diri­gé l’édition du Dic­tion­naire des films fran­çais por­no­gra­phiques & éro­tique (Serious Publi­shing), un monu­ment dont je lis régu­liè­re­ment l’une ou l’autre des 1813 notules, comme d’autres dégustent des cho­co­lats fourrés.

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Jim­my Pan­te­ra, lui, est éga­le­ment l’auteur de Los Tigres del Ring, un superbe livre, riche­ment illus­tré, sur la Lucha Libre, le catch mexi­cain (Edi­tions Anka­ma, 2009).

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