Polar porno

gonzo-copie

Ange Rebel­li a vrai­ment été sex­re­por­ter. Il a ain­si, au début des années 90, accom­pa­gné les débuts du por­no gon­zo, ces films à petit bud­get tour­nés en par­tie avec des ama­teurs, dans des condi­tions sou­vent lou­foques. Tout l’inverse du por­no bour­geois à la Marc Dor­cel. Gon­zo à gogo a donc des accents auto­bio­gra­phiques. Le héros s’appelle Angie, il est sex­re­por­ter et il part sur un tour­nage dans le sud de la France. Sur deux tour­nages, en fait: un gon­zo et un conven­tion­nel. La confron­ta­tion plu­tôt bru­tale entre ces deux mondes sera de l’ordre de la lutte des classes: d’un côté, des Pieds Nick­lés post-punks; de l’autre, des car­rié­ristes avides de dol­lars et de célébrité.

Outran­cier
Ce roman est un régal. Il ne prend aucune pré­cau­tion, ni sty­lis­tique ni morale, bous­cule tout, s’amuse, exa­gère, vitu­père. Il y a du cul, bien sûr, de la drogue, de la vio­lence: «Enfin, tel un auto­mate sadien, ses yeux expri­mant la folie pri­son­nière du Jar­din des délices de Jérôme Bosch, il s’empoigne et psal­mo­die: − Sara, mère de tous les Roma­nos, moi qui ne suis qu’un chien par­mi les chiens, accepte-moi par­mi les tiens! Voi­ci mon offrande… Quand il a éja­cu­lé sur la sta­tuette, il se recu­lotte, apai­sé, ren­fourne son flingue, attrape la camé­ra et sort…» Il y a des accents pam­phlé­taires aus­si, à l’évocation du «temps où le por­no made in France avait quelque chose à dire. Au début des seven­ties, il était d’avant-garde, il était fron­deur, il vou­lait bous­cu­ler l’ordre éta­bli par une gau­driole anarchisante.»
Les ini­tiés recon­naî­tront quelques figures du ciné­ma por­no fran­çais, et tout le monde com­pren­dra qui est Vivianne Bittencourt.
La fin est d’une outrance jubi­la­toire, ce qui est deve­nu rare aujourd’hui où presque tout le monde se touche en écri­vant, mais sans jamais jouir.

Recom­man­dé
Gon­zo à gogo est pré­fa­cé par Jean-Pierre Mocky et post­fa­cé par Abdel Hafed Benot­man. Ça se pose plu­tôt là, comme réfé­rences. Et ça devrait suf­fire à vous convaincre.

rebelli_0

Gon­zo à gogo, Tabou Edi­tions, 269 pages 

La Lettre QLe bul­le­tin d’in­fo de Lubric-à-Brac: abonnez-vous!

Une lettre d’in­for­ma­tion obs­cène et jubilatoire :

  • Rece­vez les der­nières nou­velles chaudes dans votre boîte mail!
  • Jouis­sez d’offres incroyables!
  • Com­man­dez le cof­fret col­lec­tor édi­tion limi­tée de nos quatre pre­miers pulps!