Sexe et vendanges

Une reporter de l'Actu Q enquêtant dans les vignes.
Une repor­ter de l’Ac­tu Q enquê­tant dans les vignes.

«Niar­kos a pivo­té au-des­sus de moi et, pen­dant que je l’a­vais en bouche, s’est mis à man­ger mon abri­cot avec pas­sion, buvant le nec­tar qui en cou­lait abon­dam­ment», Cyn­thia, 56 ans, Bor­deaux, dans le der­nier Union

Les ven­danges, c’est gai. Dans les rangs, les femmes coupent les grappes, les pre­nant en main comme s’il s’a­gis­sait de grosses paires de tes­ti­cules, tout à la fois déli­ca­te­ment et fer­me­ment. Les hommes portent brantes ou caisses, suent, font jouer leurs muscles, rient, ont la vue qui plonge dans les cor­sages, le regard qui caresse les cuisses dévoi­lées ou, depuis que cer­taines ven­dan­geuses portent des pan­ta­lons, la nais­sance des fesses. Et de coup de blanc en coup de blanc, de sou­rire en sou­rire, de frô­le­ments en attou­che­ments, l’ex­ci­ta­tion monte; ça bande et ça mouille.

Il fait parfois chaud pendant les vendanges.
Il fait par­fois chaud pen­dant les vendanges.

Bacchanales dans les vignes

Le soir, tout le monde dévore à pleine dent, du sau­cis­son, des choux, du lard, du pain, du fro­mage, sans oublier le vin, encore, qui coule à flots dans les gosiers, des­sé­chés non pas par la pous­sière ou le labeur mais par le désir. Les yeux brillent, les pen­sées vont droit au but, droit aux seins, aux cuisses, aux fesses, aux pec­to­raux, aux lèvres. Il y a des chants dans toutes sortes de langues et des mains bala­deuses et des bai­sers sur le coin des lèvres dont tout le monde sait que bien­tôt, ils seront plus pro­fonds, à pleine bouche.

Quand vient la nuit, ça s’ac­couple, et il y a un paral­lèle sen­suel et évident entre le jus du rai­sin dans les cuves et les fluides cor­po­rels qu’é­changent les couples (les trios par­fois, et même plus lorsque ça se trans­forme en bac­cha­nales).

Entre vendangeuses et vendangeurs, des rapprochements ont lieu.
Entre ven­dan­geuses et ven­dan­geurs, des rap­pro­che­ments ont lieu.

Phéromones de synthèse

Oui, les ven­danges c’est gai. Sauf pour les cochy­lis et les eudé­mis. Il ne s’a­git pas de ven­dan­geurs grecs mais de papillons. Pour eux, la vigne, c’est la guigne. «Contrôle bio­lo­gique: fini le sexe dans les vignes!», annonce Science-presse. Qui explique com­ment, avec des phé­ro­mones de syn­thèse, on déso­rientent les mâles ailés mal­heu­reux. «La confu­sion sexuelle, une autre façon de pro­té­ger la vigne contre les vers de la grappe», pré­cise BASF. «Les phé­ro­mones sont les hor­mones sexuelles que les papillons femelles émettent pour atti­rer les mâles. Les dif­fu­seurs dis­po­sés dans la vigne (à rai­son de 500/ha) émettent des phé­ro­mones de syn­thèse simi­laires à celles pro­duites par les femelles, qui, par leur concen­tra­tion dans l’air, vont déso­rien­ter les mâles. Ceux-ci ne par­viennent alors plus à loca­li­ser les femelles et ne peuvent donc s’accoupler

La cochylis, papillon à la sexualité contrariée.
La cochy­lis, papillon à la sexua­li­té contrariée.
Dans les vignes, un diffuseur de phéromones de synthèse.
Dans les vignes, un dif­fu­seur de phé­ro­mones de synthèse.

Onanisme impossible

C’est vrai­ment dégueu­lasse! Pour pro­duire ce vin qui sou­vent nous fait tour­ner la tête, par­fois la perdre, on bou­sille la vie sexuelle de pauvres papillons qui n’ont même pas de main pour se satis­faire en soli­taire (c’est éga­le­ment pour­quoi les anges n’ont pas de sexe: se palu­cher avec ses ailes n’est pas aisé). Que leur reste-t-il à ces pauvres bêtes? A boire, oui, à oublier dans l’al­cool les étreintes per­dues. C’est pour­quoi, l’a­vez-vous remar­qué, ils volent en zig­za­gant. Mais ce qui est vrai­ment hor­rible, c’est que, comme les hommes que leur amante vient de quit­ter, plus ils boivent et plus ils ont envie d’elle (bon, pour les papillons, ça tombe bien, ils en ont quatre).

Il reste à espé­rer que les cochy­lis et les eudé­mis gardent suf­fi­sam­ment de luci­di­té pour obser­ver que les accou­ple­ments vini-viti­coles ne sont pas obli­ga­toi­re­ment hété­ro­sexuels. On peut très bien se buti­ner la grappe entre ven­dan­geuses ou se tailler le sar­ment entre mâles cavistes.

On peut aussi se tailler le sarment entre mâles cavistes... (Photo d'Arthur Schultz, 1907)
On peut aus­si se tailler le sar­ment entre mâles cavistes… (Pho­to d’Ar­thur Schultz, 1907)
... Ou se butiner la grappe entre vendangeuses.
… Ou se buti­ner la grappe entre vendangeuses.

Tou­jours est-il qu’il ne serait que jus­tice d’a­voir une pen­sée émue pour ces papillons à la sexua­li­té détruite lors­qu’on déguste un verre de vin. Et en leur mémoire, de mettre notre langue dans la bouche de celui ou celle avec qui l’on boit (ou ceux). Dans la bouche au pre­mier verre, sur le téton au deuxième et ain­si de suite, jus­qu’à ce que les gémis­se­ments, les râles et les cris de jouis­sance montent au ciel, vole­ter avec les papillons.

Si le sexe et le vin vous intéresse, je ne peux que vous recommander Eros Bacchus, un livre des éditions Humus. 432 pages, 19x25, isbn 978-2-940127-73-3.
Si le sexe et le vin vous inté­resse, je ne peux que vous recom­man­der Eros Bac­chus, un livre des édi­tions Humus. 432 pages, 19x25, isbn 978–2‑940127–73‑3.
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