N’ayant jamais contraint qui­conque à avoir un rap­port sexuel − même pas en fan­tasme, j’ai tou­jours été tri­bu­taire du désir de mes par­te­naires. D’où ce constat empi­rique: les femmes ont, en moyenne, moins sou­vent envie.

Peut-être parce qu’elles sont plus vase que fleur. Ce sont elles qui mettent à dis­po­si­tion les ori­fices (à part lors de la sti­mu­la­tion de la pros­tate, mais nous par­le­rons de ce raf­fi­ne­ment une autre fois), et ça doit les pla­cer dans une situa­tion psy­cho­lo­gique par­ti­cu­lière. C’est un peu comme avec les amis: aller chez eux est moins contrai­gnant que de les rece­voir. D’abord, on peut se reti­rer à sa conve­nance, tan­dis qu’il est dif­fi­cile et mal­po­li d’expulser ses invi­tés. Ensuite, on ne sait jamais ce que les gens amènent avec eux de l’extérieur, s’ils ont bien essuyé leurs pieds sur le paillas­son avant de fou­ler le kilim du salon, bien lavé leurs mains avant de cares­ser la tête du petit dernier.

Bref, pour en reve­nir au constat ini­tial, tous les hommes hon­nêtes avoue­ront avoir un jour ou l’autre rêvé de ren­con­trer une nymphomane.

Un rêve qui s’est trans­for­mé en cau­che­mar pour les vic­times d’Antje Crap­nik, la «nym­pho­mane de Munich», celle qui a défrayé la chro­nique ces der­niers mois, séques­trant des hommes chez elle et les for­çant à avoir des rap­ports sexuels. Un muni­chois a ain­si été retrou­vé en pleurs dans la rue, épui­sé et trau­ma­ti­sé, expli­quant qu’il venait de subir plus de 36 heures de sexe d’affilée. Un autre mal­heu­reux a dû se réfu­gier en sous-vête­ments (c’est embar­ras­sant) sur son bal­con et appe­ler du secours après avoir été contraint de faire l’amour huit fois; et à la patrouille de police venue l’arrêter, Antje Crap­nik aurait pro­po­sé avec insis­tance une séance d’amour de groupe.

Inter­née en asile psy­chia­trique, puis relâ­chée, la «nym­pho­mane de Munich» a été retrou­vée morte, chez elle, il y a une dizaine de jours, après avoir, semble-t-il, abu­sé d’alcool et de cocaïne.

Moi, je pense qu’elle est morte de cha­grin à l’idée que les hommes ont moins sou­vent envie. Ce qui démon­tre­rait qu’en matière de sexua­li­té, il y a vrai­ment beau­coup de malentendus.