Ababouiné

Il y a des mots qui excitent sans le vou­loir, des mots aux­quels on prête un sens qu’ils n’ont pas. C’est d’eux dont parle la rubrique «Les mots érogènes».

 

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Aba­boui­né: on pense évi­dem­ment tout de suite aux babines. A des lèvres donc. Qui se frot­te­raient les unes les autres, s’entrelaceraient, échan­ge­raient leurs flux, leurs vis­co­si­tés, s’exciteraient. Grandes lèvres écar­tées, petites lèvres conjointes qu’on décolle, le capi­taine cli­to aux com­mandes, dres­sé comme un mat, tur­ges­cent… «Oh, com­bien de marins, com­bien de capi­taines, qui sont par­tis joyeux pour des courses loin­taines…» Des tri­bades s’adhérant l’entrejambe, s’accointant, flic flac, frot­ti-frot­ta, ça mouille, embruns, écumes, je te les­bienne. «Aux sombres héros de l’amer», à boire, entre les jambes…

Alors qu’en fait, aba­boui­né, c’est ni fes­tif ni jouis­sif. Ça se dit d’un navire coin­cé au milieu de l’océan, faute de vent. Aba­boui­né, ça veut dire «en panne», ça ne se dit plus beau­coup, et pourtant…

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