Il y a des mots qui excitent sans le vouloir, des mots auxquels on prête un sens qu’ils n’ont pas. C’est d’eux dont parle la rubrique «Les mots érogènes».
Dans la vie, il y a des moments graves. La reddition du camp retranché de Diên Biên Phu, une dernière gorgée d’alcool, des ballons qui s’envolent, une fin. Des moments où montent les larmes aux yeux, chacun s’en débrouille comme il peut. Sauf qu’alors que tout le monde boit la cigüe de la tristesse et du désespoir, on peut être pris d’une pulsion soudaine et impromptue.
La besaigüe, ce serait cette envie surgissant lorsqu’on ne l’attend pas, de manière ma foi inappropriée. On se sent sombrer, et puis une croupe, des seins, un geste de la main, un mouvement de tête, des lèvres qui forment une plainte et qu’on a envie de lécher, là, soudain, ce désir, on bande, on mouille. On est étonné, ce n’est ni le lieu ni l’heure, c’est indécent. Mais le sexe ne s’embarrasse pas de sentiments. Il bat son rappel comme coule une rivière, comme tremble la terre, comme jamais ne se couche le soleil – le savez-vous?, jamais il ne se couche – comme ce souffle unique initié au premier jour et ne s’interrompant qu’au dernier. On pleure, on a mal, on se couvre la tête de cendre, mais on baiserait bien.
Il faudrait un mot pour ça mais il n’y en a pas. La besaigüe, dans le dictionnaire officiel, c’est une «sorte de hache d’armes dont le côté opposé au tranchant était [au Moyen Âge] un morceau de fer pointu». Comme le désir de toi coupe court à toute lamentation.
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