Il y a des mots qui excitent sans le vou­loir, des mots aux­quels on prête un sens qu’ils n’ont pas. C’est d’eux dont parle la rubrique «Les mots érogènes».

Qu’est-ce qui fait un bon amant, une bonne amante? La réponse à cette ques­tion est dif­fi­cile, parce qu’aléatoire. La gour­man­dise? Il arrive que l’on fasse jouir du bout des lèvres. L’audace? Par­fois, la timi­di­té est si trou­blante qu’on en fris­sonne. L’ardeur? Un sou­pir peut suf­fir, une légère contrac­tion, un lent mouvement.

Mais cer­taines capa­ci­tés sont plus utiles que d’autres à l’exultation de la chair. Par exemple celle consis­tant à pou­voir faire plu­sieurs choses en même temps. Aller ET venir (ça, c’est la base). Péné­trer ET embras­ser. Titiller l’anus ET cares­ser le cli­to­ris. Eco­quer pour­rait ain­si être l’action de s’occuper des tes­ti­cules tout en pra­ti­quant d’autres opé­ra­tions. Par exemple lors de la fel­la­tion, mais aus­si de la péné­tra­tion (par devant ou par der­rière). Ce n’est pas très com­pli­qué, elles sont pra­ti­que­ment tou­jours à por­tée de mains, quelle que soit la posi­tion. Mais éco­quer est un art déli­cat. Il ne s’agit pas de pal­per bru­ta­le­ment, de pin­cer (sauf si le mon­sieur le demande expres­sé­ment). Il faut cares­ser avec le doigt, sou­te­nir de la paume, légè­re­ment pres­ser avec le pouce; on peut éti­rer un peu, faire rou­ler les couilles comme des noix. C’est un peu comme enle­ver la coquille d’un œuf cuit mol­let, en étant atten­tif à ne pas abi­mer le blanc, à ne pas faire cou­ler le jaune. Une bonne éco­queuse ne peut pas être une mau­vaise amante, un bon éco­queur non plus, mais au masculin.

En fait, éco­quer signi­fie: «débar­ras­ser (un bois) des coqs fai­sans, des per­drix mâles sur­abon­dants et nui­sibles aux cou­vées.» Comme on devrait pou­voir se débar­ras­ser des amants fades et des amantes revêches.