Il y a des mots qui excitent sans le vouloir, des mots auxquels on prête un sens qu’ils n’ont pas. C’est d’eux dont parle la rubrique «Les mots érogènes».
«Les hommes dansent avec les maigres mais couchent avec les grosses», disait ma grand-mère maternelle, qui avait une certaine expérience des travers de la gent masculine. Ce qu’elle voulait dire, c’est que les hommes aiment exhiber à leur bras des femmes correspondant aux critères dominants (et artificiels) en matière de beauté, mais que pour le sexe, ils préfèrent les gourmandes.
La graphorrhée, ce pourrait être cette attirance pour les parties grasses du corps. Les fesses, bien sûr, larges, rebondies, légèrement tombantes, qu’on palpe, qu’on ouvre comme un fruit mûr, qu’on hume, qu’on goûte. Les seins, aussi, entre lesquels on fourre la main, le nez, parfois la tête, souvent la pine. Le ventre, qui ne doit pas montrer ses muscles mais ses plis capiteux. Les bras, les joues, le cou, doux sous les doigts. Les hanches auxquelles on s’accroche, marin dans la houle du désir, cavalier chevauchant le plaisir. Les cuisses, colonnes du Temple aux fûts arrondis, dont le chapiteau poilu est une vulve odorante et rebondie aux lèvres gorgée de miel. Sous les caresses, un corps maigre se cambre, c’est excitant, un corps gras s’épanouit, c’est envoutant. Et puis, un corps charnu, c’est des creux, des plis, des monts, des vals: tout un paysage où se perdre, où perdre la tête, s’évanouir, jouir.
Dans le dictionnaire, la graphorrhée est le «besoin pathologique d’écrire». Par exemple des cochonneries?
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