Jouir, mais encore…

- Tu sais, Germaine, j'ai un orgasme chaque fois que je nettoie mes lunettes. - Moi, c'est quand je montre mes dents.
- Tu sais, Ger­maine, j’ai un orgasme chaque fois que je net­toie mes lunettes. — Moi, c’est quand je montre mes dents.

Lorsque je suis tom­bé sur cette – ancienne – infor­ma­tion, je l’ai trou­vée plu­tôt sym­pa­thique: une amé­ri­caine avait un orgasme chaque fois qu’elle se lavait les dents. Voi­là de quoi don­ner un joli coup de pouce à la pro­mo­tion de l’hygiène buc­co-den­taire, me suis-je dit. Envieux aus­si de cette dame, moi qui trouve tel­le­ment ennuyeux de me laver les dents et qui, mal­gré l’usage de bros­settes, de fil et d’une raclette à langue (mais pas de pinces à seins), n’y trouve aucun plaisir.

Orgasme den­taire
Et puis, après réflexions, je me suis dit que ce n’était pas si bien. Certes, elle jouit, mais en se lavant les dents… C’est pas hyper sexy, comme situa­tion. Même nue devant le miroir, ou en porte-jar­re­telles, jambes écar­tées ou ser­rées, ça ne fait rêver per­sonne. Ou alors, juste pour le den­ti­frice qui coule sur son menton…
Peut-être parce que l’orgasme, en lui-même, n’est pas for­cé­ment la par­tie la plus inté­res­sante de la rela­tion sexuelle.

Perdre la tête
Avant d’y arri­ver, il y a la nais­sance du désir. L’œil sou­dain qui s’allume devant le grain d’une peau, la courbe d’un sein, la forme d’une bouche. Ce désir qui enfle, nous tra­vaille aux reins, coupe un peu le souffle, énerve, tord les couilles. On fait les malins, on rou­coule, on rou­git, on marche sur les mains, on récite Apol­li­naire, on boit du vin blanc, on a les yeux qui brillent. On le veut, ce pre­mier bai­ser. Et quand on y est, la langue enfin dans sa bouche, bon sang ce qu’on bande, ce qu’on mouille.
Sans par­ler – pour cette fois – de tout le reste: les odeurs (rhââ), les bruits (suc­cions, cla­que­ments de la chair contre la chair, sou­pirs, frot­te­ments), la moi­teur, les goûts (sel, miel, citron, cham­pi­gnons, moules, cre­vettes et bouilla­baisse), la vue (sur son cul, son con, sa nuque, le reste).

Alors, si je devais choi­sir entre tout ça sans jouir, ou jouir sans tout ça, je n’hésiterais pas. Heu­reu­se­ment, pour l’instant tout va bien. J’ai le beurre, l’argent du beurre et même les faveurs de la lai­tière. Dieu est amour!

- Non, Josette, n'insiste pas. Je ne jouis qu'en me rasant; va te faire sodomiser par le maître nageur.
- Non, Josette, n’in­siste pas. Je ne jouis qu’en me rasant; va te faire sodo­mi­ser par le maître nageur.
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