Lambourde

Il y a des mots qui excitent sans le vou­loir, des mots aux­quels on prête un sens qu’ils n’ont pas. C’est d’eux dont parle la rubrique «Les mots érogènes».

Il y a celles et ceux qui savent en toutes cir­cons­tances ce qui doit être fait, ce qui doit être être dit. Celles et ceux qui veulent nous dic­ter nos conduites et nos pen­sées. Qui confondent tou­jours la carte et le ter­ri­toire. Et il y en a d’autres qui vont d’une incer­ti­tude à l’autre, qui lam­bourdent. J’en fais partie.

Sexuel­le­ment, par exemple. Qui pra­tique la lam­bourde y va le nez au vent, explo­rant. Ce sont les femmes et les hommes qui len­te­ment tirent des bords, bourrent d’un côté, se font bour­rer de l’autre, uti­lisent des mots gros­siers, ou des plus raf­fi­nés. Ce qu’ils aiment dans la rela­tion sexuelle, c’est la rela­tion, à l’autre, aux autres, à eux-mêmes. Ils la construisent, de bric et de broc, l’inventent au fur et à mesure, sans carte ni guide ni dogme, c’est un bric-à-brac lubrique. Ils expé­ri­mentent, d’amants en amantes. Le monde se créé tous les jours, la sexua­li­té aus­si, si seule­ment on est d’accord de la décor­se­ter. La lam­bourde est un art ludique qui ne se prend pas au sérieux, un art qui se fiche bien d’être éro­tique ou por­no­gra­phique, nique nique. Je mêle mon sexe au tien, et ma bouche et tes fesses, tes seins, la pointe des miens. Lèche, suce, doigte, va et viens, goûte, caresse, enfile et m’enfile, m’ouvre, te pénètre, on se boit, enfin on se voit, là, au creux de nos bras, de nos cuisses, de nos ventres, de nos reins. On s’explore, on va vers une explo­sion de lumière.

Pour Larousse – qui n’est pas une femme mais un dic­tion­naire – lam­bourde viens de l’ancien fran­çais laon, planche, et bourde, poutre. C’est une pièce de bois, entre la planche et la poutre, ni vrai­ment l’un ni vrai­ment l’autre. Comme lorsque nous nous sommes tel­le­ment bien emmê­lés que l’on ne sait plus à qui est ce sexe, à qui est celui-ci; et qu’alors dis­pa­raissent «le tien» et «le mien»; que se dis­solvent les égos; qu’il y a sou­dain un bout d’être.

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