Il y a des mots qui excitent sans le vouloir, des mots auxquels on prête un sens qu’ils n’ont pas. C’est d’eux dont parle la rubrique «Les mots érogènes».
Certaines et certains vont tout droit, croient-ils. Droit au but, comme s’il en était un. Ne regardant que leurs pieds, soudain pris dans les ronces ou alors blessés par les pierres, absorbés par la boue, engloutis dans les gouffres. Il aurait suffi de lever la tête pour voir l’herbe, la douceur de la mousse, le tapis de feuilles. Suffi d’un pas de côté pour ne pas tomber, suffi d’accepter le zig-zag, la courbe, la boucle; il aurait suffi de musarder.
Musser c’est ça. Lorsqu’on lève les yeux, qu’on prend le temps, qu’on quitte la route toute tracée, hors des sentiers battus, qu’on va là où le vent nous pousse. Il y a alors des odeurs d’humus, la lumière entre les branches des arbres comme mille éclats de rire, et des oiseaux chantent et les fleurs sont si belles dans les clairières. Et un désir nouveau fait soudain mouiller le bout du gland des garçons, s’humidifier le vagin des filles et ça fini par mousser; comme toi tu m’as fait musser, mousser et musarder à la fois, et que nous avons tant aimé ça.
Musser − ou mucher − signifie «cacher», explique le dictionnaire culturel en langue française Le Robert. Comme lorsqu’on se cache à nous même nos désirs pour continuer d’avancer avec des œillères jusqu’à la sécheresse.
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