Il y a des mots qui excitent sans le vouloir, des mots auxquels on prête un sens qu’ils n’ont pas. C’est d’eux dont parle la rubrique «Les mots érogènes».
Le désir est presque toujours soudain, parfois irrépressible. Très souvent, on le ravale, le remballe, on le roule et se le pose sur l’oreille en espérant le fumer plus tard. Mais il arrive qu’une − ou un – partenaire soit disponible, ait aussi envie de le faire éclore, de le libérer, envie de baiser. Lorsque cela se produit dans un ascenseur, un avion, le local des archives ou juste avant l’arrivée des invités, on pratique le quickie. Un coup rapide, sans préliminaires: baisse ton pantalon, écarte ton string, vite, ton sexe, vient, met-le, ouvre un peu les jambes, cambre-toi, colle-toi à moi, oui, c’est bon, je jouis. On ne se déshabille pas, on ne se décoiffe pas.
Nonupler, ce serait plus joli que quickie, non? Plus français, en tout cas. Ça viendrait de none et de copuler. Copuler comme une none, sans déranger sa coiffe. Juste la soutane relevée, entre deux pater et un avé, béni soit le Seigneur d’avoir rendu de nombreuses voies pénétrables.
Pour de vrai, c’est moins bandant. Nonupler, ça veut dire «multiplier par neuf». Pas la longueur du vit ou du gode, ça ne sert à rien. Peut-être le plaisir, rendu plus intense par l’urgence, par l’odeur de l’encens, par les cloches qui sonnent tandis qu’on jouit.
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