«89% des gar­çons de 13–16 ans visionnent du por­no», titre Le Matin du 30 sep­tembre der­nier. Et alors? Alors, le por­no, c’est pas bien. Pas bien du tout! D’ailleurs, les résul­tats de ce son­dage «font blê­mir les parents d’adolescents», explique le quo­ti­dien. Je vous passe les détails de l’article, mais en gros, le por­no est un dan­ger pour les ados, et le monde de demain risque d’être com­po­sé d’obsédés sexuels, bites au vent (un peu moins vulves à l’air – c’est bien dom­mage – puisque les filles ne seraient que 43,5% à regar­der du sexe sur le net).

Ça va de soi mais c’est con

Une fois de plus, le por­no est regar­dé à tra­vers le trou de ser­rure de la bonne pen­sée domi­nante, du «ça va de soi» moral de l’époque. Comme s’il n’y avait qu’un seul por­no, celui qui montre «l’image de la femme très sou­mise et de l’homme domi­nant», explique Lukas Gei­ser, qui a «mené l’enquête». Per­son­nel­le­ment, je regarde du por­no tous les jours. Pas le même que mon­sieur Gei­ser, car je ne suis pas atti­ré par les femmes sou­mises. Ces temps-ci, mon humeur coquine me porte plu­tôt vers les films où des filles se lèchent entre les jambes et les fesses (c’est à la fois gour­mand et déli­cat) ou vers le por­no vin­tage (on y voit de belles vulves poi­lues). Il m’arrive aus­si de pas­ser du temps dans la caté­go­rie Milf (mother I like to fuck) parce que les femmes y ont mon âge et que j’aime leurs phy­siques non conformes aux dik­tats de la pub et des médias (un peu de cel­lu­lite, les seins qui tombent, des rides…)
Bref, les genres por­no­gra­phiques sont tel­le­ment variés qu’il y en a pour tous les goûts, que cha­cun va y trou­ver le meilleur et le pire de ce qui l’attire, de ce qui l’excite.

Divertissant bien que peu documenté

Dans Le Matin, l’a­mu­sant Willy Pasi­ni (qui est à la sexo­lo­gie ce que Ber­nard-Hen­ri Lévy est à la phi­lo­so­phie) doit d’ailleurs bien admettre, du bout des lèvres, qu’il existe même du por­no «pour femmes», mais aux Etats-Unis, et c’est «encore très mar­gi­nal». Soit Willy Pasi­ni n’y connaît rien, soit il n’a pas de connexion inter­net, car le por­no pour ET par les femmes est de plus en plus cou­rant, y com­pris en Europe (je peux lui don­ner des URL si ça l’intéresse).

Maîtresse Stéphanie a de gros seins

Mais le plus amu­sant, c’est l’édito de Sté­phane Bon­vin, un des rédac­teurs en chef adjoints du Matin. Je le connais un peu, c’est un homme poli et très atten­tif à l’élégance ves­ti­men­taire. A lui aus­si, le por­no semble faire peur. Sur­tout de par «la nature de ces images, bien sûr. D’ailleurs, Le Matin, en plus des deux pages publiées aujourd’hui, va conti­nuer, ces pro­chains jours, à creu­ser cette thé­ma­tique nou­velle (sic!)», écrit-il. Cher Sté­phane, si tu t’inquiètes vrai­ment du fait que l’environnement des ados est «hyper­sexua­li­sé», va jeter un œil à la page 25 de ton jour­nal, laquelle est entiè­re­ment consa­crée aux annonces de pros­ti­tuées; le jour de ton édi­to, maî­tresse Sté­pha­nie («blonde gros seins») y pro­po­sait, au vu et au sus de tous les ado­les­cents de Suisse romande, ses ser­vices et ceux de ses sou­mises, pré­ci­sant: «j’adore le sexe, sodo­mie dans jacuzzi».

Quand «Le Matin» répond au «Matin»

Sur­tout, cher Sté­phane, si tu veux cal­mer tes inquié­tudes, lis donc… Le Matin. Celui du dimanche 23 octobre 2011, où il est expli­qué sur une page entière que: «Une étude suisse rela­ti­vise l’impact des films X. Le por­no influence très peu les ados». Aucun sexo­logue vedette ne s’y exprime, uni­que­ment des spé­cia­listes de la question.

Toujours à la pointe de l’info

Vou­lant véri­fier si Le Matin, tenait ses pro­messes et conti­nuait de «creu­ser la thé­ma­tique», j’ai ache­té l’édition d’aujourd’hui (1^er octobre). Maî­tresse Sté­pha­nie est tou­jours là (page 32), et pour les ados qui n’auraient excep­tion­nel­le­ment pas accès à l’in­ter­net, il y a quelques numé­ros de télé­phones inté­res­sants, comme le 0906 444 321 (1.99/min) où des «chau­dasses lubriques se lâchent». On n’est pas déçus.

Je vais retour­ner sur mes sites por­no­gra­phiques favo­ris, ceux où s’al­lient joyeu­se­ment, et de manière bien cochonne, la jouis­sance des unes et celle des uns.