Pen­dant les vacances, Lubric-à-brac vous pré­sente une série de l’été: Les vacances cul-cul de la famille Schin­ken Pochon.
Jacques-André Schin­ken est pro­fes­seur d’histoire-géographie, il vote socia­liste, il a 56 ans. Nadège Pochon est psy­cho­logue, elle vote Vert Libé­ral, elle a 55 ans. Ils ont deux enfants, Simon-Pierre, 21 ans, étu­diant en droit, et Prune, 19 ans, artiste.

Nadège a besoin de vacances

Rien ne va plus au sein de la famille. J’ai l’impression que tout le monde a per­du la tête. Sauf moi. Je viens de télé­pho­ner à Prune, elle m’a tenu des pro­pos inco­hé­rents. Je ne com­prends pas pour­quoi Jacques-André l’a lais­sée par­tir à Ibi­za. Ou plu­tôt, je com­prends trop bien: il est mou, sans carac­tère et il ne sait pas dire non à sa fille. Main­te­nant que mon intoxi­ca­tion ali­men­taire aux mer­guez du 1^er août est gué­rie, je vais reprendre les choses en mains.

Pre­miè­re­ment, rapa­trier Prune. Si elle veut faire l’artiste nous l’inscrirons à l’ECAL, mais les stages à l’étranger, c’est ter­mi­né. Je me demande si elle ne se drogue pas. Bon, moi aus­si j’ai fumé un peu de mari­jua­na lorsque j’étais jeune – avec Jacques-André, qui en avait vomi sa fon­due – mais je n’ai jamais envoyé de pho­to de mon anus à ma mère par MMS avec ce com­men­taire: «J’ai trou­vé ma voie…»

J’aimerais envoyer Simon-Pierre la cher­cher en Espagne, sauf que lui aus­si m’inquiète. C’est un gar­çon sérieux, bon étu­diant, tou­jours bien habillé, mais j’ai trou­vé un petit fouet et un cilice dans sa chambre. Si j’approuve plei­ne­ment son enga­ge­ment chré­tien – sur­tout à notre époque où les sau­vages isla­mistes mènent leur guerre sainte contre notre civi­li­sa­tion – j’ai peur qu’il se fasse mal à se mor­ti­fier ainsi.

Et il y a la sexua­li­té débri­dée Jacques-André. Nous n’avons pas pu avoir notre rap­port bimes­triel et il semble per­tur­bé. Je l’ai sur­pris en train de se mas­tur­ber. C’est gênant. Il est deve­nu tout rouge et a bafouillé: «Nadège, non, ce n’est pas ce que tu crois. Je ne te trompe pas…» Il était devant son ordi­na­teur et son pénis sor­tait de son pyja­ma. C’était le milieu de la nuit et je m’étais levée pour aller boire un peu d’eau.

Il regar­dait de la por­no­gra­phie! Qu’ai-je fait pour méri­ter ça? J’ai tou­jours été une épouse moderne, ouverte d’esprit. S’il avait vou­lu me ban­der les yeux et me dire quelques cochon­ne­ries, j’aurai accep­té (bien que je trouve ça ridi­cule). Mais de la por­no­gra­phie… A le voir ain­si, lamen­table, j’ai com­pris qu’il était sex addict. Je vais l’envoyer consul­ter une de mes consœurs, il faut qu’il se soigne.

«Ma ché­rie, je ne fais rien de mal. Je ne tra­his pas nos idéaux, c’est des films de la caté­go­rie inter­ra­ciale…», a‑t-il gémit. Je n’en peux plus!  Je me demande si je ne vais pas par­tir en ran­don­née en Cap­pa­doce avec les copines. Là-bas l’ordre règne.

La semaine pro­chaine: Jacques-André maître queue des grillades
Epi­sode 1: Les sou­ve­nirs paléo­li­thique de Jacques-André
Epi­sode 2: Inso­la­tion isla­mique pour Nadège
Epi­sode 3: Prune découvre les voies péné­trables de la création
Epi­sode 4: Quand Simon-Pierre prêche la pudeur