Hier, je vous parlais de deux livres achetés à la librairie Humus et vous livrais mon compte rendu du décevant Esthétique de l’éjaculation. Aujourd’hui, pas de déception avec Onanisme avec troubles nerveux chez deux petites filles (Editions Solin), mais de l’effroi. Les âmes sensibles éviteront de lire ce billet, tant le contenu de ce livre est monstrueux.
Il s’agit du compte rendu du traitement infligé à deux petites filles par le docteur Démétrius Zambaco, né à Constantinople en 1832 et mort (trop tard) en 1913 au Caire. Devenu docteur en médecine à Paris, en 1857, il a été chef de clinique à la Faculté de médecine de Paris, membre des Académies de Saint-Pétersbourg et Vienne, président de la société de médecine de Constantinople, etc. Un ponte, comme on dit. Une vraie crapule, en fait.
Récit scientifique
En 1882, la revue L’Encéphale («le journal des maladies mentales et nerveuses») publiait le récit, écrit par Zambaco, du traitement qu’il venait d’infliger à deux petites filles qui avaient eu le malheur de tomber entre ses mains, confiées par leurs parent afin d’être guérie de leur onanisme.
La première, X…, a 10 ans, et le docteur en parle comme d’une vicieuse impénitente, ne pensant qu’à se masturber. Elle est fouettée, attachée, mais rien n’y fait. «Le fouet l’a rendit comme hébétée, plus fausse, plus perverse, plus méchante», constate Zambaco, se rappelant que la petite fille hurlait en sanglotant: «Pourquoi me priver d’un plaisir aussi innocent ? C’est sale, je le sais, mais cela ne regarde que moi, laissez-moi ma jouissance!» La pauvre subira la camisole de force, sera encore fouettée, mais rien n’y fait. Jusqu’au jour où le brave Zambaco rencontre son confrère le docteur Jules Guérin, une autre belle crapule, qui lui affirme «avoir guéri des jeunes filles affectées du vice de l’onanisme (…) en brûlant le clitoris au fer rouge».
Tortures
C’est la petite sœur d’X…, Y…, quatre ans, qui subira la première le supplice du fer rouge. Sur le clitoris, sur les grandes lèvres, et «pour la punir de sa désobéissance, je lui cautérise les fesses et les lombes avec un grand fer». Dès qu’on la soupçonne de s’adonner à son «vice», on fouette Y…, «sur les fesses déjà en plaie», relate Zambaco sans s’émouvoir, «j’essaie de lui donner quelques décharges électriques violentes et très douloureuses sur les parties avec l’appareil de Clarke».
X… aura elle aussi le clitoris brûlé. «Je cautérise le clitoris et l’entrée du vagin. A partir de ce jour, les petites malades ne sont plus soumises à mon observation. Elles ont été séparées. D’après mes informations, la petite Y… est radicalement guérie; quand à X…, elle continue à abuser comme par le passé, elle est loin, à la campagne, sans aucune surveillance médicale, et privée de tout traitement.»
Et aujourd’hui?
Au-delà de l’effroi que provoque ce récit, il nous rappelle que la sexualité des femmes a souvent été violemment réprimée, tant par la science que par les religions, au nom de différentes formes de morales. Qu’elle l’est encore.
Ce livre est un appel à la vigilance, car le docteur Zambaco est toujours parmi nous, il se cache au coin d’un prêche, d’un discours, d’une thérapie, à l’ombre d’une église, à l’orée d’un «redressement moral», son fer rouge à la main, prêt à sévir. Il faut l’éradiquer.
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