Un avenir radieux

Sébas­tien est content, il a peut-être enfin trou­vé du tra­vail. Un salaire, ça va chan­ger sa vie. Cela fait plus de quatre ans qu’il ne reçoit que les allo­ca­tions des ser­vices sociaux. Pour­tant, à une époque tout allait bien. Ingé­nieur en ges­tion de pro­duc­tion, il tra­vaillait pour une entre­prise du BTP. Son rôle consis­tait à modé­li­ser les cadences qui étaient impo­sées aux ouvriers. Conti­nuer de lire Un ave­nir radieux

A moi de choisir ceux qui doivent mourir | Épilogue

Ça fait deux mois que je suis là, je crois. Peut-être plus. La cel­lule est blanche, les vitres de la fenêtre sont incas­sables, les gros bar­reaux espa­cés de 10 cen­ti­mètres. Un bloc de béton et un mate­las mousse comme lit, un WC et un lava­bo en inox, une table fixée au mur et au sol. Ils m’ont reti­ré la chaise après que je l’ai jetée contre la porte pour pro­tes­ter. Selon eux, je pré­sente un trouble de la per­son­na­li­té. Conti­nuer de lire A moi de choi­sir ceux qui doivent mou­rir | Épilogue

A moi de choisir ceux qui doivent mourir | 13

La télé­vi­sion avait dit vrai : le confi­ne­ment était ter­mi­né, les gens repre­naient leurs vieilles habi­tudes, ceux qui en avaient retrou­vaient le che­min de leurs rési­dences secon­daires. C’était catas­tro­phique. Je bat­tis en retraite, un peu pani­qué. Et tou­jours aucune appa­ri­tion d’Alain, je me deman­dai ce qui lui était arri­vé. Conti­nuer de lire A moi de choi­sir ceux qui doivent mou­rir | 13

A moi de choisir ceux qui doivent mourir | 12

Les semaines qui sui­virent furent tout à la fois étranges et pas­sion­nantes. Je man­geais peu, Alain pas du tout. Je ne savais jamais quand il allait appa­raître. Au début, ça m’a un peu effrayé, mais je me suis vite aper­çu que sa pré­sence m’était agréable et qu’il était tout à fait bien­veillant avec moi. Il avait bien sûr fal­lu que je réponde à sa ques­tion. Conti­nuer de lire A moi de choi­sir ceux qui doivent mou­rir | 12

A moi de choisir ceux qui doivent mourir | 11

Mon intui­tion avait été la bonne. Au volant de l’ambulance, sirène en action, je pas­sai les bar­rages sans avoir à m’arrêter. Au bout de dix minutes, je croi­sai plu­sieurs camions de pom­pier. J’avais visi­ble­ment déclen­ché un gros incen­die. Tout le quar­tier rési­den­tiel devait être en feu. Je dépo­sai les deux ambu­lan­ciers dans une cabane de chan­tier. Ils dor­maient tou­jours comme des bien­heu­reux Conti­nuer de lire A moi de choi­sir ceux qui doivent mou­rir | 11

A moi de choisir ceux qui doivent mourir | 10

Ce soir-là, j’ai pen­sé au sui­cide, je l’avoue. Plus per­sonne n’attendait quoi que ce soit de moi, je me sen­tais libre, y com­pris de mou­rir. Mais j’ai trou­vé ça sau­gre­nu. Sans doute n’en avais-je pas fini avec le monde et mes sem­blables. Mon sen­ti­ment de liber­té était exa­gé­ré, comme une ivresse sou­daine et pas­sa­gère. Conti­nuer de lire A moi de choi­sir ceux qui doivent mou­rir | 10

A moi de choisir ceux qui doivent mourir | 9

Cela fai­sait plus de vingt-cinq ans qu’on se fré­quen­tait. Est-ce que je les connais­sais vrai­ment ? J’avais le sen­ti­ment que pas une seule fois nous n’avions été sin­cères les uns envers les autres. Nous avions tou­jours refu­sé de nous mon­trer nos confu­sions res­pec­tives. Même ivres, nous avions tou­jours affir­mé des choses, jamais dou­té ensemble, donc jamais pen­sé ensemble. Conti­nuer de lire A moi de choi­sir ceux qui doivent mou­rir | 9

A moi de choisir ceux qui doivent mourir | 8

Phi­lippe insis­tait, dans ses mails et ses SMS, pour qu’on se réunisse. En mémoire d’Alain. Ce d’autant que Jean-Claude venait à son tour d’être hos­pi­ta­li­sé. Les choses tour­naient vrai­ment mal. Pas uni­que­ment pour notre groupe d’amis, pour le monde entier. Il y avait offi­ciel­le­ment un mil­lion cinq cent mille per­sonnes conta­mi­nées et cent mille morts. Conti­nuer de lire A moi de choi­sir ceux qui doivent mou­rir | 8

A moi de choisir ceux qui doivent mourir | 7

Après avoir mis le feu à la voi­ture du doc­teur, afin de détruire d’éventuelles traces, je suis ren­tré chez moi. Pas­ser les contrôles poli­ciers n’a pas été un pro­blème. Il fal­lait sim­ple­ment avoir avec soi une décla­ra­tion, qu’il suf­fi­sait d’imprimer et de rem­plir, pré­ci­sant le motif du dépla­ce­ment. J’y avais indi­qué que j’allais cher­cher les effets per­son­nels de Cathe­rine à l’hôpital. Conti­nuer de lire A moi de choi­sir ceux qui doivent mou­rir | 7

A moi de choisir ceux qui doivent mourir | 6

J’ai eu le droit de venir à la morgue de l’hôpital, pour voir Cathe­rine dans son cer­cueil, der­rière une vitre. Ils m’ont fait mettre des habits de pro­tec­tion, un masque, des lunettes. Ils m’ont emme­né par des cou­loirs, des esca­liers, pour que j’évite d’être en contact avec la mala­die. Mais entre deux portes, j’ai vu. Des lits dans les cou­loirs, des mate­las au sol, les malades entas­sés. Conti­nuer de lire A moi de choi­sir ceux qui doivent mou­rir | 6